Pasquale Paoli : L’âme de la Corse libre
Pasquale Paoli (1725–1807) est bien plus qu’un nom gravé dans les livres d’histoire : il est le symbole vivant de la résistance corse, de la liberté et de l’identité insulaire. Surnommé U Babbu di a Patria – “le Père de la Patrie” – il incarne les valeurs que les Corses portent fièrement encore aujourd’hui : justice, courage, démocratie et attachement à la terre.
Né à Stretta, près de Morosaglia, au cœur de la montagne corse, Paoli grandit dans une famille engagée dans la lutte contre la domination génoise. Exilé avec son père à Naples dès l’âge de 14 ans, il y reçoit une formation militaire et philosophique, nourrie par les idées des Lumières. Cette éducation forge sa vision d’une Corse libre, éclairée et moderne.
🛡️ Le rêve d’une République corse
En 1755, à seulement 30 ans, Pasquale Paoli est élu Général de la Nation corse. Il proclame l’indépendance de l’île et fonde une République démocratique avant-gardiste. Sa Constitution corse, rédigée cette même année, est considérée comme l’une des premières en Europe à instaurer :
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Le suffrage universel masculin
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Une Diète représentative
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Une justice indépendante
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Une liberté de culte
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Et même une université publique, fondée à Corte en 1765
Cette République corse, bien que brève (1755–1769), marque l’histoire comme une expérience politique unique, bien avant la Révolution française.
⚔️ L’exil et l’héritage
Après la bataille de Ponte-Novo en 1769, face aux troupes de Louis XV, Paoli est contraint à l’exil en Angleterre. Là-bas, il devient une figure respectée parmi les intellectuels européens, correspondant avec les plus grands penseurs de son temps. Il revient en Corse en 1790, porté par les idéaux révolutionnaires, mais se heurte à la radicalisation du mouvement. En 1794, il tente de créer un royaume anglo-corse, avant de se retirer définitivement à Londres, où il meurt en 1807.
Ses cendres sont rapatriées en Corse en 1889, dans sa maison natale de Morosaglia, aujourd’hui transformée en musée.